Premiers budgets : les lycéens apprennent à gérer avant de tout dépenser

À 16 ans, les jeunes ont (quasiment) tous de l'argent de poche. Une carte bancaire de paiement ou de retrait. Ils gèrent précautionneusement ou ont des parents qui surveillent ou peuvent mettre au bout.

L'enjeu est important. Dans quelques années, ils auront leur premier boulot, un salaire, un loyer. Pourtant la question centrale de la gestion d'un budget n'est jamais évoquée dans le cursus scolaire.

Il faut dire que ce n'est pas simple de parler budget. Encore moins le mardi à 8 h du matin. Pourtant, ce 20 mai, une quinzaine d'élèves de seconde du lycée Schuman à Metz s'est prêtée au jeu de la simulation proposée par Sarah et Laetitia, conseillères budgétaires. Une initiative originale et très concrète proposée par le Point conseil budget de l'Union départementale des associations familiales (Udaf) de la Moselle.

L'atelier simule la réalité d'un premier job. Objectif : ne pas être dans le rouge à la fin du mois. Il est payé au Smic, soit 1 801,80 euros brut. Première douche froide pour certains : il faudra plutôt parler du salaire net, soit 1 426,00 €. « Vous pourrez demander à la CAF une prime d'activité de 277 € », indique Sarah Ragaigne, coordinatrice PCB et conseillère budgétaire. Car l'enjeu est aussi d'annoncer aux jeunes ce à quoi ils auront droit.

Laetitia Weise, sa collègue, lance un tour de table pour lister les charges fixes et leur montant : loyer, assurance habitation, impôts, eau, électricité, wifi « incontournable »… «Est-ce qu'on prend un abonnement Spotify ? Ou Prime ? » Les jeunes ont bien senti que c'était peut-être superflu « même avec les livraisons Amazon gratuites ».

Est-ce qu'ils se déplaceront en transport en commun ou en voiture ? Le cas échéant, il ne faut pas oublier l'assurance. « Et quand on prend un appartement, il faut aussi payer ses poubelles à la Ville. » Avec un loyer à 550 €, une facture mensuelle d'électricité à 45 € et 60 € de gaz, les charges fixes grimpent à 852 €. Il faut prévoir un matelas en cas de coups durs imprévus, penser à mettre aussi un peu de sous de côté pour les vacances. Et les courses ?

Reste à vivre : 35,70 €/ semaine, la douche froide

Tout mis bout à bout, selon leurs simulations, les jeunes de cette classe de seconde auront un reste à vivre de 161 € par mois. « Mais il faut le diviser par le nombre de semaines pour vraiment se rendre compte », insiste Sarah. Soit 35,70 € par semaine. « Et avec ça, il faut aller chez le coiffeur, faire du shopping, aller au resto ou au bistrot. Et on n'a pas parlé des clopes parce que personne ne fume jamais dans ces ateliers », sourit-elle.

Sur leur petite chaise, les étudiants sont un peu douchés. C'est le but : créer un électrochoc, pour qu'ils aient conscience des réalités, anticiper, moduler. Et leur proposer des solutions. Des applications de gestion en temps réel existent, ou la technique de l'enveloppe, avec de l'argent liquide pour ne dépenser que ce qu'on a. « Et se demander le lundi soir si on a vraiment envie de cette commande Uber Eats. »